vendredi 2 mars 2012

Pérou #13 - Sur les îles du lac Titicaca : Amantani / Taquile / Puno

Mercredi 29 février 2012

Olga nous réveille à 6.30 pour un petit déjeuner gargantuesque avec des pains maison et des crêpes.
Nous quittons l'accueillante Victoria et sa maison perchée sur la colline, pour redescendre au port. Une certaine effervescence y règne en ce jour de marché. Les habitants d'Amantani s'y pressent pour assurer leur subsistance quotidienne. Les femmes et les jeunes filles portent toutes le chuco, rectangle de coton noir superbement brodé de fleurs colorées, qui est spécifique à leur île.
En guise de stands, moins d'une dizaine de marchands ont étalé des bâches en plastique pour y poser fruits, légumes, viandes et produits de première nécessité proposés aux 4000 habitants d'Amantani.

Notre bateau vient nous chercher avec à son bord Bruno et les autres touristes qui ont tous dormi dans un autre village.
Nous continuons ensemble notre trajet vers Taquile, une île d'une superficie moindre que celle que nous quittons.
Ouverte depuis moins longtemps au tourisme, Taquile a bien rattrapé son retard en la matière. Droit d'entrée, coopérative artisanale, restaurant communautaire, Taquile exploite pleinement sa richesse en confection textile. Les chefs de ses communautés accueillent les touristes fraîchement débarqués et emmenés sur une solide côte. Ils échangent avec les responsables de groupe des feuilles de coca et exposent avec fierté leurs costumes à la fois chics et chamarrés. L'uniforme d'autorité suprême les distingue des autres hommes par un gilet brodé, un ceinturon particulier ainsi que leurs bonnets bariolés et les sacoches pour les feuilles de coca.
L'habit tradtionnel est un habit courant, il n'est pas porté uniquement pour montrer le folklore aux visiteurs. Bonnet à dominante rouge pour les hommes mariés, blanc et rouge pour les hommes célibataires. Une ceinture avec un renforcement lombaire reprend les travaux agricoles calendaires, l'homme en tisse une partie, la femme l'autre en y glissant un cheveu en témoignage de son amour. Pour la gente féminine, le chuco ici n'est pas brodé mais bordé de pompons qui sont plus volumineux si le jeune femme est à marier.
Depuis peu, les îliens sont autorisés à élire leur conjoint sans restriction communautaire ou géographique, afin de limiter les problèmes de consanguinité.

Si au démarrage du sentier l'arrivée en troupeau de touristes est assez désagreable, l'effort physique demandé et les stops nombreux pour admirer le paysage et prendre des photos font que la promenade est finalement assez tranquille.
Alors que les étrangers s'essouflent en montant, les Taquiliens grimpent rapidement en filant la laine simultanément.
De nombreux ovins paissent tranquillement sur les terrasses, et nos deux guides nous montrent les multiples variétés de pommes de terre.
Le chemin, pavé par les habitants, est bordé d'eucalyptus. Des touches de couleurs sur les fils à linge tranchent sur l'habitat fait en terre cuite.

Après 3/4 d'heure de marche, nous atteignons en formation disparate la place principale du village où domine la Mairie, la coopérative artisanale et le restaurant communautaire.
Dans cette économie solidaire, 10 % des recettes sont reversées à la communauté pour l'édification et la maintenance des équipements communs.

Nous déjeunons avec Olga et Robert sur la terrasse du restaurant communautaire et testons une autre façon de déguster les truites. Nous devons ensuite rejoindre le groupe pour reprendre le bateau et retrouver la ville et ses klaxons.
584 marches, comptées par #1, nous séparent du port. La descente pourrait être rapide mais les points de vue sont merveilleux et quelques enfants vendent des petits bracelets tissés avant de reprendre l'école.

Tout en cheminant, nous discutons avec Robert qui partage avec enthousiasme ses expériences de 50 ans de bourlingueur, et avec Olga qui s'inquiète du devenir de ces îles à l'écosystème si fragile mais qui ont besoin des touristes pour survivre.

Olga était autrefois travailleur social, et malgré les besoins évidents de la population, et en l'absence de politique publique continue, ce secteur d'activité ne lui a pas permis d'avoir des revenus réguliers.
Seule responsable de sa mère, elle développe tranquillement son activité de guide indépendante qui est toutefois soumise à la saisonnalité touristique. Sa notoriété dans les forums de voyageurs francophones n'est pas usurpée et nous ne manquons pas de faire connaître ses coordonnées olga_yina@hotmail.com afin que tout voyageur sur les îles du Titicaca puisse rencontrer cette femme douce et soucieuse pour ses clients et son environnement.

Une fois le groupe reformé, nous reprenons tous le bateau pour 3 heures de navigation avant de retrouver la terre ferme.
Le trajet est rapide car les enfants ont décidé de donner des cours de français à qui veut. Aki le jeune japonais, apprend incroyablement vite et fait rarissime pour un japonais, arrive à prononcer les R. A l'inverse Rachel, d'origine galloise, roucoule et ronronne à souhait et apprend à arrondir ses R. La classe se fait joyeusement alors que défile le paysage sompteux du lac, et ne voyant pas le temps passer, nous prenons de sacrés coups de soleil.

Après moultes photos et de grands fous rires, nous échangeons nos informations sur la suite du voyage, grandes accolades et emails.
Chacun continuera son bout de vie et peut- être certains se recroiseront.

Nous quittons à regret Olga et nous nous rendons à la maison d'hôtes d'Isaac et Laeticia pour prendre une douche brûlante. Nous retournons dîner à la Casona pour un autre ceviche, et pour célébrer la fin notre périple péruvien nous achetons deux statuettes en céramique.
Avant notre coucher, Laeticia qui est réflexologue analyse dans nos mains droites notre circulation sanguine et devine aisément les petits travers de chacun. Elle nous prodigue moults avertissements sur la Bolivie, pays moins riche que le Pérou.
Alors que la pluie est de nouveau de la fête, nous nous endormons en rêvant d'Olga et d'Amantani.












S@lvam's Life

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