mardi 27 mars 2012

Monumenta 2012 : A vos agendas !!!

Chez les S@lv@m, nous en sommes ultra fans.

Grand grand grand, immense palais sous sa belle verrière.
Expositions toujours ludiques, espaces qui permettent à la tribu de courir sans que les esthètes ne nous regardent tels des parents tout à fait laxistes.

Monumenta revient à partir du jeudi 10 mai, et jusqu'au 21 juin et accueillera cette année Daniel Buren.

Et vous pourrez même en profiter pour aller faire un saut à l'exposition des magnifiques clichés fashion d'Helmut Newton dans l'aile ouest.


dimanche 25 mars 2012

Boarding - 3 months

Alors que la France tremble pour ses présidentielles, j'ai décidé de me projeter direct à fin juin.

Est-ce parce que le retour du Pérou a été terrible professionnellement ?
Est-ce pour mieux fuir le quotidien assez rempli de la tribu ?
Serait-ce pour prolonger un peu ce début d'été bizarrement placé en début de printemps ?

Toujours est-il que la prochaine destination sera ...


Illustration de Blanca Gomez
Et que je bondis comme une gamine à l'idée de 
  • mettre les pieds pour la première fois de l'autre côté du Channel, parce que oui j'ai visité plein de pays très éloignés mais jamais le Royaume Uni,
  • de visiter en avant première le village olympique, parce que grâce à mon super travail que j'adore, j'ai ce petit privilège d'initiés
  • de passer une après midi de shopping SEULE et même que toi muette lectrice, si tu es mère de famille, que tu bosses comme une dératée, si par exemple tu es une de mes amies prénommée Anne, Claire, Sandra et les autres...tu as derechef entendu  mon enthousiasme débordant !
  • de prolonger ensuite mon séjour avec mon amoureux durant 3 jours SANS ENFANT et que oui mes quatre petits chéris, Maman vous adore même si vous hurlez sans raison, que vous mettez systématiquement la salle de bains à sac, mes nerfs à bout et ceux de votre père avec...
Et que même se profilent ensuite des vacances en France, un week end à Berlin, et que sais-je encore ?!?


S@lvam's Life

dimanche 11 mars 2012

Retour du Pérou et de la Bolivie

Après vous avoir emmené durant trois semaines entre Pacifique et Atlantique, je voulais vous parler un peu d'€ et partager mon point de vue sur les différents hébergements que nous avons testés et dont certains nous ont éprouvés !
J'espère que notre roadbook vous aura donné envie de prendre votre passeport et vos billets rapidement !

Le change en février 2012 était d'environ 1 € = 3 soles au Pérou = 10 bolivianos en Bolivie.
Le niveau de développement et de vie est plus haut au Pérou qu'en Bolivie, les prix comme le niveau de service corrélaire s'en ressentent.
Les distributeurs bancaires délivrent au choix des US $ et de la monnaie locale. Attention aux paiements en CB, il y a souvent une commission s'élevant de 5 à 8% du prix, à vos frais bien entendu.


Avion : 3500 € pour deux adultes et trois enfants, en passant par Ibéria et American Airlines ; Billets achetés trois mois avant de partir Paris ORY/Madrid/Lima + La Paz/Miami/Paris CDG

Cela a pour conséquence d'allonger les temps de trajet mais nous avons ainsi économisé près de 1500 euros par rapport à des vols directs. 

Budget  : Il s'agit de l'ensemble des dépenses du départ de Paris jusqu'au retour (y compris le trajet de RER !) et nous avons dépensé en moyenne 200 € par jour pour tous les cinq. 

Globalement, le voyage a été plutôt roots que 4 étoiles...mais nous avons rencontré des voyageurs dépensant beaucoup moins que nous, avec des hébergements encore plus économiques.

Nous avons utilisé des bus pour les transitions inter-villes et quelques taxis sur place, notamment entre les terminaux de bus et les centre villes, et pour visiter Lima et La Paz.

Les plus grosses dépenses ont été consacrées à l'hébergement à Lima et à la Paz, au survol des lignes de Nazca (85 US$ par personne) et un package au départ de Cuzco pour le tour de la vallée sacrée et un A/R + logement Machu Picchu (850 US$ pour 5) + bus vers Puno. Ajouter aussi une taxe d'aéroport exorbitante à la Paz, de 25 $ US pour tout passager de plus de 2 ans pour tout vol international.

Restauration : nous avons été dans toutes sortes d'établissements, de la gargote de rue (addition 25 soles au Pérou, 60 bolivianos en Bolivie, hors vin) au restaurant chic.

Hôtels (je les ai tous notés dans Tripadvisor)  - sauf exception, nous avons pris une chambre matrimoniale + une triple, avec salles de bains privées et le prix inclus le petit déjeuner, et un accès wifi.
  • Lima/Miraflores: Hostal del Patio 370 soles, joli dehors, austère dans les chambres, bon pdej.
  • Pisco - Hotel San Isidro - 180 soles (chambre 5 couchages), pdéj en supplément, pas de wifi mais un PC en accès libre
  • Nazca  - Camiluz - 190 soles  super accueil et bon pdej.
  • Arequipa - Casa del Melgar  300 soles, bel hôtel chambres un peu sombres, pdej basique par rapport au prix.
  • Cuzco - Walk on Inn - 180 soles (dortoir 6 couchages, sdb partagées), pdej ok.
  • Agua Calientes : Puma Hotel, 40 $ par chambre, cher pour la prestation (eau chaude très irrégulière), pdéj basique
  • Puno - Point Hotel 150 soles (à éviter, épouvantable) + Residence Circarlet 190 soles super accueil (pas de wifi)
  • La Paz  Hotel Rosario 1100 bolivianos, cher mais très confortable, -10% à partir de la 3e nuit, excellent pdej.
  • Sucre - Hotel Cruz Popayan - 400 bolivianos, matelas vétustes et pdéj basique.
  • Potosi - Hotel las Tres Portadas - 350 bolivianos - suite 6 personnes, hôtel vieillot, pdej ok.
  • Uyuni - Hôtel Julia - 350 bolivianos, correct pour passer la nuit, une salle de douche à disposition pour se rincer au retour du salar. Internet payant.


Bus (cf. les billets quotidiens, où sont détaillés les trajets et les prestations)
  • Lima - Pisco : Compagnie Soyouz, ok
  • Paracas - Nazca : Cruz del Sur, confortable
  • Nazca - Arequipa : Cruz del Sur bus de nuit, ok.
  • Arequipa - Cuzco : Toro Bus/ Andorinas, épouvantable, à éviter
  • Cuzco - Puno : Tour Péru bus de nuit, mais ni couverture ni chauffage. Froid.
  • Puno - La Paz : El Dorador - ok
  • La Paz - Sucre : ??? - tout le monde a eu très chaud, sauf moi qui avais un trou de 10 cms à mes pieds !
  • Sucre - Potosi :  Trans Villa Imperial - à éviter
  • Potosi - Uyuni : Diana Tours - à éviter
  • Uyuni - La Paz : Todo turismo, très cher par rapport au service ; Changement de bus au milieu de la nuit.


Nos favoris :
  • Lima : la relève de la garde
  • Pisco : la dynamique Kory  korytour@hotmail.com + la réserve des Iles Ballestas
  • Nazca : le survol des lignes, l'accueil de Fernando de Camiluz
  • Arequipa : le couvent de San Catelina, se promener dans la ville
  • Cuzco : la ville, au belvédère de San Cristobal, le marché, la vallée sacrée et bien sûr le Machu Picchu
  • Chinchero : la fête de fin de carnaval
  • Puno : Isaac, Laeticia (Cricarlet) et Olga olga_yina@hotmail.com pour Amantani et Taquile
  • La Paz : surplomber la ville d'un des belvédères
  • Sucre : se promener en ville
  • Potosi : idem
  • Uyuni : le salar évidemment !


Ce que nous aurions aimé visiter également : 
  • Arequipa - trek au canyon de Colca (2 ou 3 jours)
  • Maras - les salines (proche Cuzco)
  • Uyuni - les lagons (2 jours)
  • Tarija - parc national au Sud de la Bolivie (2 ou 3 jours)


Bref, il nous manquait plus d'une semaine....et encore tout notre itinéraire s'est enchaîné rapidement et sans trop d'encombres...Et très égoïstement, j'aurais rajouté aussi des cours d'espagnol, et de cuisine péruvienne...

Après le Vietnam, la Gaspésie + le Québec + NY, la Tanzanie et le Kénya, de tous ces périples faits à 5 Sakados, nous avons tous trouvé que ce voyage a été le plus fatigant, car nous avons fait beaucoup de route à des horaires parfois inconfortables et dans des conditions assez poétiques...et finalement assez drôles !
Des deux pays trop vite parcourus, nous marquons une nette préférence pour le Pérou, mais nous reviendrons assurément en Amérique du Sud !

Nous réfléchissons au prochain grand voyage dans un an... Laos ou Cambodge ou Chine ???
La Norvège est aussi en bonne position...A vos votes !



S@lvam's Life

vendredi 9 mars 2012

Bolivie #7 - Uyuni - La Paz

Jeudi 8 mars 2012

A 4.30, arrêt au milieu de la pampa pour changer de bus à la surprise générale.
Nous échangeons les véhicules avec des voyageurs faisant le trajet inverse au nôtre, et qui sont aussi hagards que nous.
Ils ont gagné au change, nous récupérons un véhicule vétuste et sale, avec des wc hors d'usage. Tout le monde improvise des toilettes de campagne à l'arrière du bus. La compagnie nous indique qu'il y a encore deux heures de route.

A 7.00, nouvel arrêt dans une ville qui ne ressemble guère à la Paz.
Nous sommes en fait à 250 kms de notre but, à Oruro, pour faire une autre pause de vidange de vessie. Et il reste encore 3h30 a minima.

La nationale qui mène de la cité minière d'Oruro à la Paz nous laisse perplexe.
Elle est parfait état mais est doublée par une autre voie, subventionnée par des fonds américains. Les terrassements sont achevés, parfois une couche de goudron a été passée, mais il n'y a personne sur ce chantier de plusieurs centaines de kms, et par endroit l'ouvrage s'est affaissé. Tautologie des aides au développement...
En parallèle, nous constatons la même tentative de politique foncière qu'au Pérou à vouloir fixer la population dans un no man's land en attribuant un lopin de terre et une maisonnette de 20 m2. L'opération paraît être un total échec, très peu de parcelles sont effectivement habitées.

L'arrivée dans les faubourgs de La Paz est dantesque, les embouteillages nous
asphyxient et rajoutent encore du temps de parcours...
Nous atteignons le terminal des bus à 10.45, soit après 13h30 de trajet !!!
Nous ne sommes pas près d'oublier le niveau de service des bus boliviens...

Nous sautons dans un taxi pour retrouver l'hôtel Rosario, aux chambres pimpantes et confortables, avec de l'eau régulièrement chaude et des serviettes épaisses.
Nous y débarquons flapis et sales. La douche est presqu'un luxe et comme dit #2 : ''mon corps gémit de bonheur''.
Un jus de fruit et une omelette après, nous nous délassons avec plaisir sur des matelas ultraconfortables, avec zéro once de courage pour sortir du quartier. Tant pis pour le palais du gouverneur et la place Murillo, d'autant que l'hôtel sait soigner ses clients, et particulièrement les dames en cette journée de la femme : en cadeau, une fleur et un chocolat.

Derniers pas dans la ville en soirée, dernier dîner en Bolivie et...derniers packings des sakados.
Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, départ en avion pour Miami puis Paris.



S@lvam's Life

jeudi 8 mars 2012

Bolivie #6 - Salar de Uyuni

Mercredi 7 mars 2012

Nous nous réveillons au bruit des marteaux du chantier voisin, des voitures qui passent comme si elles étaient au pied de notre lit, et de tout l'hôtel qui s'ébroue en vue des tours guidés qui commencent tous vers 10 heures.

A Sucre, un Hong Kongais nous a montré des photos du salar d'Uyuni et nous en salivons d'avance.
La ville d'Uyuni n'a absolument aucun intérêt touristique. Ses 20000 habitants sont plutôt mal logés et très peu de rues sont asphaltées. Il y a une gare où passe le train trois fois par semaine si la pluie n'a pas inondé les voies. Et il y a davantage de pizzerias et hôtels de passage que de banques.
L'économie locale dépend quasi essentiellement du tourisme, ceux qui ne profitent pas de la manne du désert de sel peuvent cultiver le quinoa, plante qui ne nécéssite pas d'apport régulier en eau.

Nous avons acheté à Potosí auprès de notre agence de voyages de compétition un tour guidé d'un jour, c'est à dire la location d'un 4x4 avec chauffeur pour approcher rapidement le plus grand désert de sel du monde.
Nous aurions aimé pouvoir y rester deux nuits mais le temps nous manque et il a fallu faire des choix draconiens dans notre itinéraire.

Gonzaló nous conduira aujourd'hui dans son Toyota au kilométrage avancé.
Nous faisons un premier arrêt dans un cimetière de trains à vapeur abandonnés depuis près d'un siècle. Tous rouillés, ils sont tout à fait photogéniques avec un beau ciel azur en fond.

Nous partons ensuite à Colchani, village au bord du désert. Les habitants y sont autorisés à exploiter le sel dans une limite de 5 kms depuis la périphérie du pueblo. Dans un environnement très rude, avec des habitations rudimentaires faites en sel ou mélangées avec de la terre, il semblerait que le sel n'amène pas la fortune.

La récolte se fait en grattant la croûte de sel formée après évaporation de l'eau de pluie tombée abondamment durant la saison des pluies sur le désert.
La centaine d'entreprises familiales travaille avec des moyens artisanaux. Des petits monticules sont formés pour environs 500 kgs avant séchage, et chargés sur un camion.
Le véhicule ramène le sel au village, où des tas plus imposants attendent deux ou trois jours avant d'étre séches 90 mns au four.
Le sel est ensuite moulu, conditionné par sachets d'un kilogramme, eux-mêmes regroupés par ballot de 50 kgs. Ce dernier est ensuite expedié à la vente nationale, soit par train soit par camion.
Colchepaqui est le lieu de production le plus important du pays, mais la Bolivie n'exporte pas son sel.

Et pourtant du sel, il y en a tout autour de nous.
Avec plus de 200000 km2, le salar est immense et ne cesse de s'étendre d'année en d'année. Les pluies l'alimentent régulièrement et en cette fin de saison de pluies, tous ses secteurs ne sont pas accessibles même avec 4 roues motrices.
Nous passons sans problème des lacs avec 40 cms d'eau, ce qui serait impossible avec une automobile.

Nous stoppons pour déjeuner dans un hôtel de sel. Ses exploitants y proposent des petit souvenirs en sel et les inévitables bonnets en laine
Situé sur un petit monticule, le bâtiment a été évidemment construit entièrement en sel, tables et chaises comprises.
Si l'ensemble n'est pas très joli, il permet de s'abriter du soleil et de la réverbération intense. Les Uv ne pardonnent pas ceux qui ont omis l'application d'écran total.

Descendre du véhicule est oligatoire pour profiter pleinement de l'immense miroir naturel. Cependant il y a des précautions à prendre : remonter ses pantalons façon pêcheurs de moules, et à défaut d'épaisses et résistantes chaussures de randonnée, se munir de tongs permettant de marcher à loisir dans l'eau très salée.

Une fois prêts à sauter dans l'eau, jouez !
La planitude du sol et les multiples flaques permettent des reflets à l'infini et de s'amuser avec toutes les illusions d'optique. L'amusement photographique pourrait durer toute la journée si le soleil n'était pas aussi fort.
De temps en temps passe une petite averse, rendant encore plus intense le contraste entre le ciel indigo et les nuages couleur plomb.
Pour renforcer l'effet carte postale, des flamants rose foncé traversent ponctuellement l'horizon.

Que le voyage a été long et difficile pour contempler ce paysage sublime, mais nous sommes tous heureux d'avoir vu cet exceptionnel endroit.
Il y a beaucoup de curieux qui bravent la fatigue pour venir jusqu'au salar de Uyuni, mais comme nous voulons tous faire de belles photos, la répartition de cet immense espace se déroule bien.

Nous quittons le désert avec des mirages pleins les yeux et rentrons nous débarbouiller à l'hôtel car nous avons sur nous l'équivalent d'un kilogramme de sel.
En dînant, nous recroisons les allemands du bus de Sucre à Potosí. Ils font partie d'un programme d'échange universitaire avec l'université de Valparaiso au Chili et profitent des grandes vacances pour découvrir le continent, entre deux grèves de la fonction publique chilienne - ce qui permet de relativiser fortement les 24 h d'arrêt de Potosí.

Nous les quittons pour prendre le bus nous ramenant à la Paz.
La compagnie Todo Turismo est renommée pour être la meilleure compagnie de Bolivie, nous avons acheté 5 tickets pour un prix équivalent à une nuit en 3 étoiles.
Le trajet doit durer 10 heures, peut-être 12 si la pluie oblige à une déviation.
Le car est rempli à craquer de touristes, qui ont tous des traces de sel sur les chaussures et les pantalons. Nous sommes tous aussi sales les uns que les autres.
A bord, une hôtesse sert des spaghettis aux légumes et le bus s'ébroue vers 20.15. Nous sommes équipés de couvertures et oreillers, il n'est pas possible de jouer à la boucherie, et il n'y a pas de trou à mes pieds.

La route n'est pas carrossable sur la moitié du parcours et les amortisseurs du bus rendent bien service.
Le chauffage fonctionne trop bien, il fait rapidement 21 degrés, ambiance tropicale, nous nous endormons en tshirts.












S@lvam's Life



S@lvam's Life

Bolivie #5 - Potosí / Uyuni

Mardi 6 mars 2012

Les bruits de la rue Bolivar et de l'hôtel qui s'anime me réveillent à 7h.
Avec un bon maté de coca, une infusion à base de feuilles de coca, je me saisis de l'Ipad pour mettre à jour le carnet de voyages.

Outre le manque d'adaptation de l'application Blogger pour la gestion des images sur Ipad, il me faut aussi batailler pour télécharger billet et photographies avec d'une part un wifi capricieux à travers ces vieux murs épais, et d'autre part une connexion internet qui n'est pas en haut débit.
Une énorme dose de persévérance est nécéssaire et vos encouragements sous forme de commentaire seraient bienvenus.
Avec plus de 100 lecteurs par note, ce qui reste évidemment une audience très confidentielle et familiale, mais avec à peine 1 commentaire, je suis à la limite de déposer le clavier.

Mais le voyage tire à sa fin, notre vol de retour est prévu vendredi matin à la Paz pour une arrivée samedi matin à Paris.
C'est la première fois depuis 3 semaine que nous avons une visibilité de planning à plus de 48 heures.

Nous devons partir en milieu de matinée pour Uyuni que nous atteindrons ce soir, demain nous visiterons le salar, et retour dans la nuit de mercredi à jeudi pour la Paz.
Nous quittons l'hôtel à 10 heures et les rues sont étrangement calmes.
Le collège qui fait face à notre hébergement est vide. Je n'ai pas souvenird'un jour férié ?!?

Nous questionnons les passants et apprenons que l'ensemble de la ville est en grève. Il y a une sombre discussion sur les limites territoriales, qui engendre surtout un partage différent des richesses minières.
Les rues sont barrées et contrairement à la veille, la circulation est nulle.
Pas de taxi, pas de bus, pas de départ pour Uyuni !!!

Nous nous rendons à l'agence qui nous a vendu les tickets de bus, qui a pour seule solution un départ dès lors que la grève sera levée aux environs de 18 heures, pour une arrivée dans la nuit après une heure du matin.
La responsable de l'agence se prend une volée de bois vert en stéréo castillan de ma part, français par le mâle dominant, pour avoir vendu des billets sans nous avoir prévénus du risque de grève alors qu'elle en connaissait le préavis.
Extrêmement contrariés et sans aucune certitude sur l'enchaînement des évènements et sur la suite de notre voyage, il nous faut bien composer avec la situation. Nous reprenons rendez-vous pour la fin d'après-midi.

Heureusement après une importante averse matinale, le soleil brille et rend Potosi jolie et chaleureuse.
Les habitants, quasiment tous en grève hors secteur privé, flânent dans la ville, libérée des gaz d'échappements.
Nous déambulons dans les rues rendues aux piétons, et pouvons enfin tomber sous le charme des bâtiments aux couleurs châtoyantes.
Les mines d'argent ont fait prospérer l'économie locale et nombre de beaux édifices datant de la Belle Epoque sont encore debouts.

La place d'armes est pleine d'adultes qui ont cette manière très particulière de faire grève. Il n'y a pas de manifestation et les barrages routiers sont très légers.
Tels des lézards, nous nous détendons sur les bancs à l'ombre des cèdres et essayons de positiver de ce contretemps. Il faut également déstresser les enfants, #1 et #3 ayant pleuré de peur de ne jamais retrouver leur maison et #2 évacuant son inquiétude en écrivant son journal de voyages.

Ils jouent à 'cache-cache' et à '1-2-3 soleil' au grand amusement des Boliviens.
Comme le moment était trop tranquille, #3 a décidé de s'entailler l'arête du nez contre une barrière. Nous voilà à la recherche d'une pharmacie ouverte en ce jour de paralysie générale, avec un garçon hurlant à la mort.
Nous trouvons une officine ouverte, qui soigne notre guerrier avec de l'alcool, un pansement de pirate, et surtout un bonbon magique.

Nous déjeunons dans le premier restaurant ouvert et il y en a peu.
Nous testons donc les salteñas, ces chaussons semblables à de pâte sablée au cumin, remplies de viande mélangée avec des pommes de terre et des petits pois. C'est un des en-cas préférés des autochtones, qui le croquent souvent vers 11h dans la rue.

Nous profitons de ce contretemps pour visiter l'ancien Hôtel de la Monnaie ou Casa de la Monedad, fermé le lundi et que nous n'avons pu visiter veille.
D'une superficie globale de 15000 m2, ce bel édifice pierres et briques a servi de fabrique de pièces de monnaie du 16e siècle jusqu'en 1950, puis a été converti en musée de la monnaie. Les visites guidées sont obligatoires et proposées également en français.
La guide nous explique également que la production de monnaie s'élevait jusqu'à 6000 pièces par jour. L'argent était extrait des mines avoisinantes, l'hôtel possédait ses propres fonderies.
Le musée a conservé les laminoirs, énormes machines en chêne importées par les conquistadores d'Espagne, tournant leurs imposant engrenages à la force d'esclaves noirs qui ne résistèrent pas au climat difficile, et ont été remplacés ensuite par des mûles qui disposaient d'écuries chauffées pour prolonger leur espérance de vie de quelques mois.
Les poinçons sont aussi exposés, et le parquet en cèdre a gardé les marques des appuis des marteleurs. Pièces d'argent mêlées à un faible pourcentage de cuivre pour en assurer la dureté, les potosís frappées des initiales de la ville sont désormais au coeur des trésors numismatiques.
La monnaie a été par la suite frappée sur des machines à vapeur, et progrès aidant, par des machines électriques.
Aujourd'hui les pièces boliviennes sont fabriquées au Chili et il est amusant de savoir que les billets sont en majorité imprimés en France.

En sortant de la Casa de la Moneda, nous constatons que la circulation a très légèrement repris. Nous sommes attirés par un vacarme épouvantable qui nous fait pénétrer dans une cour d'école.
A l'intérieur, une fanfare avec batteries et lanceurs de bâtons s'entraîne. Une vraie battucada.

Nous laissons nos tambours pour retrouver l'agence de voyage et notre employée imprudente.
Elle tente en vain de contacter la compagnie de bus pour savoir si le service a repris. J'insiste pour qu'elle nous accompagne au terminal de bus.
Nous partons donc à six en quête d'un taxi. La grève n'étant pas totalement achevée, le premier refuse de nous charger, le second pense que nous sommes trop nombreux, et le troisième qui n'a en principe que trois places insiste pour nous prendre.
Nous rentrons dans la petite automobile, tassés comme dans un taxi collectif, sacs à dos dans les interstices : à l'avant le chauffeur, son copain, la fille de l'agence, et à l'arrière nous cinq.
Nous traversons les faubourgs totalement déserts, où subsistent quelques pierres témoignant des barrages de la journée.

Au terminal de bus, quelques cars très vétustes attendent à l'extérieur.
Notre compagnie semble fonctionner et notre accompagnatrice se montre assez efficace pour trouver quel sera notre véhicule. Soulagée d'avoir pu remplir sa mission, elle nous laisse au pied du bus.
Nous montons dare-dare car le départ est imminent. Nos sièges sont pris par une mama imposante et un monsieur qui ne l'est pas moins.
Dans le bazar de cette grève, l'agence a omis de nous communiquer nos nouveaux numéros de siège. Je dois m'extirper du bus bondé pour faire remodifier les billets à la volée.
Ces petits exercices de montée et descente sont bien essouflants et il me faut encore dégager la mama.
Lorsque nous sommes enfin installés et que le bus démarre enfin, nous poussons un grand ouf de soulagement.

Nous pensions être enfin tranquilles sur ce trajet qui doit durer normalement 6 heures.
En réalité, dès qu'une personne lève le bras au bord de la route, notre chauffeur s'arrête alors que la compagnie vend un trajet direct. Nos compagnons de route boliviens sifflent ces stops très fréquents qui apparentent le car à un combi, ces minis vans qui s'immobilisent à la demande.
La nuit est tombée et les haltes se font au milieu de nulle part, avec allumage de néons aveuglants à chaque fois dans la cabine.
Nous sommes fréquemment réveillés par les passagers qui vont et viennent dans le couloir. Les paysannes sont redoutées de tous, empestant la viande de chèvre boucanée et écrasant sans vergogne leurs voisins par leurs gros ballots.

Quand le bus chemine à une allure normale, le conducteur nous assène une musique latina lancinante et les cellulaires sonnent sans cesse avec des conversations bruyantes.
Pour arranger notre aventure, #1 rend son dîner dans une poche de secours.
Nous arrivons finalement à nous assoupir, et touchons notre objectif à minuit.
Uyuni de nuit ressemble à une ville du far west. Nous croisons quatre bars ouverts, une dizaine d'ivrognes et autant de chiens abandonnés.

L'agence de voyages nous a réservé deux chambres à l'hôtel Julia, où nous cognons à la porte comme des sourds.
Après dix minutes d'attente dans le froid de l'altiplano avec un vent cinglant, le portier de nuit consent à se réveiller pour nous ouvrir.
Pendant que SuperPopa et les enfants découvrent les chambres au confort sommaire, je me charge des formalités d'enregistrement. Le réceptionniste, par manque de sommeil ou d'études, veut absolument indiquer que nous sommes étudiants, et doit se saisir d'une calculatrice pour faire notre facture.

Nous nous endormons dans des lits propres et après cette très longue journée, c'est tout ce qui importe.






S@lvam's Life