samedi 29 mai 2010

Ta mère, la fête

Ce billet traîne depuis trop longtemps dans les caisses virtuelles de mon ordinateur.
J'avais commencé une logorrhée de la complainte de la grosse enceinte. Sale, nul, 2, j'ai repris ma copie.
A la veille de la fête des mères, il est temps de sortir du bois ces quelques lignes pour celles qui sont mères et celles qui tentent de l'être ou surtout pour celles qui ignorent ce que c'est.

Je vais juste dire qu'être enceinte, si c'est une chance aux yeux de celles qui ne peuvent pas/plus l'être, peut aussi être un moment rempli de doutes et de contraintes.

Juste écrire que socialement la grossesse est la période pendant laquelle la future parturiente se doit d'être totalement épanouie et heureuse, et que personne n'ose lui dire dans quelle aventure elle s'est lancée.

Je vis ma 4e grossesse et je vais avoir 40 ans, je dois certainement être blasée de tout cela et je me revois il y a 9 ans poser mille et une questions naïves sur mon avenir de mère.

En langue anglaise, l'accouchement est synonyme de livraison. Delivery ressemble étrangement à délivrance isn't it ? 
Délivrance certes du point de vue physique, mais entrée de plein fouet et parfois violente dans la responsabilité et l'attachement.

Pas de méprise, je suis très contente d'avoir eu 3 enfants et d'agrandir la fratrie. 
Mais conscience absolue que 9 mois cela fait quand même 75% d'une année. Et que c'est le délai nécessaire pour parfaire le poupon. Et que ces 41 semaines d'aménorrhée ne sont rien comparativement aux 25 prochaines années !!!

J'ai entendu mille "profites en c'est peut-être la dernière fois"et à l'ouverture de 7e mois de grossesse, je me félicite de ne pas être une Loxondota cyclotis avec une gestation de 680 jours...
Il m'en reste théoriquement 77 et je vois arriver l'été avec appréhension et les pieds avec un volume proche de la montgolfière quand le thermomètre dépasse les 25°.

Alors que j'ai du mal à faire marcher correctement mon neurone et qu'il est vraiment temps de faire une pause professionnelle car je n'arrive pas à connecter rapidement mes synapses, je me suis fait la remarque qu'à l'état foetal, l'enfant vous amène constamment aux toilettes et qu'une fois né, le même enfant vous poursuivra avec la même constance jusqu'aux toilettes.

Sur ces réflexions profondes qui feraient plaisir à la grande Elisabeth Badinter :
Allez bonne fête, ta mère !!!

lundi 17 mai 2010

Derniers jours au Québec

Lundi 10 mai
Il fait 3° et un vent glacial rabat la température ressentie en dessous de zéro. Vive le printemps québecois.

La vieille ville est située sur le Cap Diamant et domine le fleuve avec son emblématique château Frontenac et une longue promenade en bois dénommée Terrasse Dufferin, exposée aux courants d'air du St Laurent.
Arpenter le Vieux Québec est assez agréable alors que la ville n'est pas encore prise d'assaut par les touristes, telle que je l'ai déjà vue il y a fort longtemps durant l'été.
Les toits sont très colorés et les vieilles constructions toujours pimpantes.

Une petite promenade d'une demie journée est suffisante pour avoir un bon aperçu de l'intérieur des remparts, sachant que je marche à l'allure d'une éléphante.
La fin de journée sera consacrée à une sieste réparatrice après avoir affronté le vent glacial et commencé à ressentir la fatigue des jours précédents.

Mardi 11 mai
Le temps a décidé d'être plus clément pour cette journée consacrée à visiter les alentours de Québec.
Nous nous rendons à la Chute Montmorency, plus haute que celles de Niagara, mais moins renommée car moins large.

Le site est agréable, au coeur d'un grand parc couvert de pelouses où il fait bon s'étendre.
Des aires de jeux sont dispersées ça et là et il est possible de faire une boucle en passant sur un pont suspendu jeté par dessus la chute, la longer via un bel et pentu escalier en bois, et pour les handicapés et les baleines, un téléphérique payant vous remonte à proximité du parking.
Pas d'imax, pas de boutiques de souvenirs, nous sommes loin de l'exploitation poussée comme à Niagara Falls et c'est très bien ainsi.

A proximité du parc Montmorency, se trouve l'île d'Orléans, qui regroupe 6 hameaux fort cosy, où les vieilles maisons en bois éparses viennent concurrencer quelques vergers et plantations de fraises.
Un petit paradis à moins de 20 mns de la ville.

Nous revenons à Québec pour un shopping souvenirs où les enfants gagnent élans et castor en peluche, et un dîner succulent au restaurant le Feu sacré, un endroit parfait pour fêter le presque achèvement de notre périple.

Mercredi 12 mai
Retour en voiture sur Montréal que nous atteignons vers 16 heures, début de l'heure de pointe.
Après tous ces kilomètres avalés sans embouteillages et dans une circulation parfois inexistante, le choc est rude. Rien à envier aux parisiens, le montréalais pressé de rentrer chez lui est aussi sauvage que son cousin français.

3h30 entre Québec et Montréal dont 1h30 pour traverser la ville via l'autoroute.
Nous rejoignons la famille Tailly pour notre dernière soirée canadienne et ce soir c'est la fin de la qualification de la conférence Est de la Ligue continentale de hockey sur glace.

L'équipe montréalaise les Canadiens, affronte le tenant du titre Pittsburgh pour le dernier et 7e match et la tension est palpable car chaque équipe a déjà gagné 3 matchs. Le vainqueur de ce dernier match ira en finale contre le gagnant de la conférence Ouest pour disputer la coupe Stanley.

Nous avions tenté d'obtenir des billets pour ces matchs, tellement prisés qu'ils sont vendus à des prix exorbitants (aux alentours de 300/400 $ la place).
Nous nous sommes donc contentés de les suivre en famille et devant un écran de télévision en buvant comme il se doit des bières.

Le jeu est tellement rapide qu'il est ardu de suivre la rondelle, ou alors il faut attendre qu'elle soit dans la cage !
Les coups sont légion comme les bagarres, c'est un sport rude voire violent.
Je n'ai pas retenu toutes les règles d'arbitrage, par contre j'ai compris aux hurlements émanants des canapés et aux nombreux coups de klaxon dans la rue que les Canadiens avaient gagné.

Jeudi 13 mai
Dernier jour à Montréal. Dernier jour au Canada.
Le vol prévu avec British Airways est bien opérant : pas de problème de volcan et la compagnie ne sera en grève que la semaine suivante. Zutttttt.

Il fait un temps à pique niquer au Mont Royal que nous avions découvert quatre semaines auparavant sous un vent glaciel.
Le ciel est bleu et le soleil radieux, nous prenons même des coups de soleil.

Malheureusement il est temps de rejoindre l'aéroport et de rendre notre monospace.

4721 kms exactement et des souvenirs plein la tête.
A quand le prochain voyage ???

mardi 11 mai 2010

En route pour le Sud

Samedi 8 mai
Le paisible village du Bic se réveille.
Nous y avons fait halte pour visiter son petit parc de 35 km², bordant les rives du Saint Laurent.
Nous sommes désormais sortis de la Gaspésie et abordons la région du Bas Saint Laurent.

Le parc du Bic est connu pour ses colonies d'eiders (des canards enfin voyons) et de phoques qui apprécient particulièrement ses multiples rochers qui sont autant de transats possibles pour prendre un bain de soleil à marée basse.

Car oui le fleuve peut connaître de fortes variations de niveau d'eau, la marée maritime quelques centaines kms plus au Nord influençant également le jaugeage du grand cours d'eau.

Le Bic est un parc très fréquenté car doté de nombreuses pistes cyclabes et sentiers pédestres très accessibles car tous plats.
Les rives sont découpées par de multiples petites anses et autant de plages, séparées par de promontoires rocheux. S'il n'y avait pas les mélèzes, ce serait une copie conforme des plages du Morbihan. Les phoques en plus.

Donc phoques et mélèzes s'ajoutent à la carte postale.
Les premiers sont assez éloignés des rives et ne sont pas faciles à repérer sans jumelles. Ils sont reconnaissables à leur pelage qui lui comme un miroir au soleil.
Si vous entendez un grand Plouf !, alors un phoque vient de se jeter à l'eau.
A marée basse, leur position incurvée les rend plus aisés à deviner et ils stationnent longuement sur leurs cailloux par groupe de 5 à 6 individus. Un peu comme nous.


Nous poursuivons notre quête d'animaux dans la réserve faunique Duchênier, située d'après notre atlas à quelques minutes et kms du Bic.
L'appréciation des distances et du temps étant une notion toute relative, nous mettons un temps infini à atteindre la réserve.
Les réserves fauniques au Canada sont en fait des terrains où la chasse est autorisée et circonscrite à certaines secteurs de la réserve. Les observateurs de la nature y étant aussi bienvenus, d'autres secteurs leur sont assignés. Aussi les réserves fauniques constituent d'ordinaire des viviers d'observation zoologique très fournis.

Cependant, si la réserve Duchênier est immense, dense et traversée de lacs et rivières, elle est très mal servie en indications pour s'y rendre et en panneaux indiquant les distances à l'intérieur de ses limites.
La visite se transforme rapidement en parcours de 4x4 sans aucun animal autre que des gélinottes huppées et des écureuils, maintes fois observés par ailleurs.
Nous faisons halte près d'un lac, à proximité d'un des chalets très isolés que peuvent louer chasseurs et marcheurs. L'ambiance rappelle totalement « ma cabane au Canada blottie au fond des bois ».

Les enfants remontent à toute allure dans le monospace en entendant un loup.
Il y a au moins une grosse bête dans les lieux.

Notre après-midi infructueuse s'achève sous la pluie à Saint Fabien où fatigués et faute d'avoir trouvé un gîte ouvert, nous échouons dans un motel ordinaire mais propre.
Les filles, habituées depuis quelques nuitées aux intérieurs élégants des cafés-couettes, trouvent la chambre moche mais s'en accommodent bien. Antoine est toujours content du moment qu'il peut dormir !

Dimanche 9 mai
C'est la fête des mères de ce côté de l'Atlantique. La direction du motel offre un oeillet à chaque maman.
La pluie s'invite aussi à la fête et amène des températures très fraîches, en dessous de 5°.
Je sors les polaires pour tous et direction Sud vers Québec.

Nous dépassons notre 4000e kilomètre et attaquons la dernière étape du voyage.
Québec avec ses remparts à la Vauban et son coeur historique très bien conservé, est la ville touristique de la province.
Pour cette raison, et bien que nous soyons maintenant juste en début de saison, il nous a fallu réserver notre gîte quelques jours avant notre arrivée.
Les prix pratiqués pour l'hébergement et la restauration témoignent de l'attractivité des lieux.
Comme la vieille ville se visite à pied et qu'il est difficile d'y stationner, nous avons choisi le gite Chez Marie Claire, situé à l'intérieur des remparts, et qui nous propose dans une vieille et grande maison deux chambres ainsi qu'un parking.

Nous y poserons nos valises 3 nuits et en profiterons pour nous reposer de nos précédentes péripéties.

dimanche 9 mai 2010

Divine Gaspésie

Jeudi 6 mai
Nous sommes réveillés par une douce odeur de gaufres et découvrons la sublime vue du petit paradis de Dédé : maison posée sur une petite butte avec accès direct à la mer.
Il offre aux enfants en souvenir de leur passage dans son domaine des petits coquillages et leur indique comment reconnaître des agates sur les places.
Mais il nous faut déjà partir et continuer notre route, hélas sous une pluie diluvienne.

La côte sud de la Gaspésie n'a pas le même charme que sa soeur septentrionale, bien plus sauvage.
La partie méridionale est plus touristique, de multiples activités, notamment liées à l'obervation des baleines, ont cours durant la saison. Lors de notre passage, tout est fermé, c'en est presque sinistre et la météo peu clémente n'aide pas à relever ces sensations de traverser des villes balnéaires désertées.

A l'Anse Beaufils, sur une plage qui n'attend que nous, les enfants ramassent moults cailloux, persuadés d'avoir amassé des trésors d'agates.

Gaspé, ville dans laquelle l'explorateur Jacques Cartier a implanté sa croix pour marquer la présence de la France, n'a guère d'intérêt, et Percé qui accueille un rocher avec arche nous fait regretter Etretat.


Nous clôturons la journée avec plus de 3000 kms au compteur et la voiture bien lavée.
Le hasard des fins de journée nous fait stopper ce soir au gite mer et montagne à Carleton, tenu par Alice et Roger qui sont ravis de se remémorer avec nous leurs souvenirs de Paris.

Avec beaucoup de cordialité, ils nous souhaitent la bienvenue dans la Baie des Chaleurs, en précisant non sans humour que la température du jour (6°) n'est pas vraiment conforme avec le nom de la région.

Vendredi 7 mai
Comme tous nos hôtes, nos charmants gîteux (propriétaires) nous préparent un petit déjeuner gargantuesque : muffins, salades de fruits, crêpes, pain doré (pain perdu), oeufs...c'est encore mieux qu'un brunch au restaurant.

Sur leurs conseils, nous nous rendons au site classé par l'Unesco de Minguasha, qui abrite les
fossiles de l'ère devonienne les mieux conservés.
C'est l'occasion d'aborder avec les enfants un peu d'histoire de l'évolution des espèces, de géologie et de comparaison avec les espèces vivantes rencontrées dans ce voyage.
Le musée est extrêmement intéressant et nous bénéficions même d'une visite guidée rien que pour notre petit comité.

L'après-midi est consacrée à la traversée de la Gaspésie pour reprendre sa côte nord-est.
Nous traversons la vallée de la Matapédia, une grande et longue rivière qui chaque été est gorgée de saumons. Nous n'en verrons bien entendu aucun mais en lot de consolation nous apercevons un lapin des neiges.

Lire à chaque pont la mention « rivière à saumons » nous a mis en bouche.

Arrêt de la nuit prévu dans le village du Bic.
Nous ne réservons quasiment jamais nos hébergements, afin de garder le maximum de flexibilité dans notre itinéraire selon les points d'intérêt rencontrés au fur et à mesure de la journée, mais également la météo.

Nous jonglons comme nous le pouvons avec la pluie, et il est prévu pour le lendemain un grand soleil dans la région du Bic.

Les auberges visitées dans ce charmant village sont pour la première fermée, la deuxième inadaptée pour notre famille de 5 personnes, et pour la troisième....il faut traverser un bar totalement enfumé et rempli des pochtrons du bled qui me regardent tous avec des yeux imbibés de bières.

Notre dernière chance sera de toquer au gîte des 5 lucarnes, une grande maison bleue au bord du chemin.
Joanne nous hébergera dans deux chambres très cosy, avec draps brodés et rideaux fleuris telles que les apprécient nos filles.
Comme nous sommes arrivés tard, elle n'a pas la possibilité de nous faire goûter ses mets de table d'hôte et nous recommande un restaurant où nous pourrons satisfaire nos envies de fruits de mer et de poisson.

Soupe de la mer, éperlans frits, et bel homard avalés, nous rêverons au Prince de Minguasha, cet étrange poisson à qui nous devons partiellement notre existence.

Le carnaval des animaux


Mardi 4 mai
Pluie et morosité sont balayées par un beau soleil.
Direction plein Est pour découvrir la Gaspésie.

Cette contrée décrite si lointaine par les Montréalais, fait partie intégrante de la province Québec.
Pourtant la rive sud est fort différente de sa soeur de l'autre côté du fleuve.
Les côtes gaspésiennes sont très sauvages et présentent à la fois la rusticité des falaises de la route du littoral à la Réunion et la beauté de la côte ouest américaine entre San Francisco et Los Angeles.
Les longer en croisant quelques villages balnéaires désertés est un vrai plaisir. Le nombre d'établissements hôteliers et gîtes fermés pour l'intersaison laissent à penser que la région doit être prisée l'été.

Nous quittons la côte pour quelques heures dans les terres, dans le Parc national de Gaspésie.
Réputé pour être un des plus beaux parcs de randonnée du Canada, il n'a pas failli à sa renommée.
La route qui nous y conduit est ponctuée de panneaux prévenant de la collision avec les caribous.

Le site est dominé par le Mont Albert et il reste encore de la neige à de nombreux endroits. Les sentiers de montagne sont encore fermés mais les sentiers faciles de moins de 5 kms et sans fort dénivelé sont ouverts à l'année.
Une fois n'est pas coutume, nous trouvons à disposition une carte des randonnées pédestres.
Je sens vraiment ma grossesse comme un handicap car la description des différentes ballades est alléchante et les sentiers peuvent aller jusqu'à 17 kms, distance que nous savons parcourir sans problème avec nos petits Sakados.

Nous nous contentons donc d'une promenade de 3 kms, le sentier de la lucarne.

A peine entrés dans les bois que nous manquons d'écraser des crottes fraîches. Mais qui a abandonné autant d'excréments ?

Droit devant nous, en train de brouter tranquillement des jeunes pousses de sapins.....un orignal !!!
Peu farouche, la bête se laisse approcher jusqu'à un rayon de 2m50 qui constitue son périmètre de sécurité. Gris comme un âne et mi cerf-mi cheval, il rumine avec appétit.
Les enfants sont très excités par cette rencontre et ultra motivés pour marcher à la rencontre d'autres bestiaux.

La lucarne est un point de vue sur le Mont Albert, où est installé un belvédère sur lequel nous prenons notre pique nique, à la fraîche mais aussi à la hauteur de la cime des arbres. C'est magique.

En redescendant sur la terre ferme, et en trappeurs désormais aguerris nous traquons le crottin et les traces d'orignal. C'est que ça défèque beaucoup cette bestiole là.
Son pelage gris le dissimule bien dans les broussailles et parmi les troncs. Il aura fallu les petits yeux de lynx d'Amélie pour le trouver.

Très heureux d'avoir enfin accroché ce trophée dans notre tableau de chasse, nous repartons vers la côte du Golfe du Saint Laurent.
A Mont St Pierre, nous voyons dans la baie un petit rorqual.

Nous pouvons sereinement nous mettre en quête d'un endroit où poser nos valises pour la nuit.
Le hasard nous conduit chez Mme Minville, propriétaire du Gite des Neiges à Mont Louis.
Cette veuve qui a eu 3 enfants et 6 petits enfants est heureuse de nous ouvrir sa charmante maison datant de 150 ans. Nous y amenons beaucoup de vie et son accueil est aussi chaleureux que la nuitée est peu dispendieuse.
Si un jour vous devez passer en Gaspésie, ne manquez pas de la saluer, vous adorerez sa gentillesse et son petit déjeuner gargantuesque !

Pour ses paysages à coupe le souffle, pour ses orignaux et pour la gentillesse de ses habitants, une grande hola pour la Gaspésié !!

Mercredi 5 mai
Nous quittons à regret Mme Minville qui nous a brièvement décrit Mont Louis.
Bourgade de 800 habitants, il y a peu de travail hors la transformation du saumon pêché en haute mer. L'usine Atkins employe la majorité des habitants quand ils ne sont pas saisonniers dans le tourisme.
L'arrêt au comptoir de vente d'Atkins est dès lors obligatoire et le fumet du saumon chatouille les narines dès le parking. Voilà qui constituera un excellent sandwich !

A Rivière du Renard, petit port fort actif, nous faisons halte à la poissonnerie Marina qui vend du homard bouilli à 7 $ les 500 grammes, ce qui nous laisse assez songeurs quant à son prix à Paris...et nous met l'eau à bouche...

L'objectif du jour est d'entrer dans le parc national du Forillon.
Nous sommes chanceux de croiser un employé qui range ses dépliants et cartes à l'entrée du parc. Prêts pour y circuler.

Le parc englobe la pointe Est de la péninsule de Gaspé. Le bout du monde ici s'appelle le Cap Bon ami et est connu pour ses colonies de fous de Bassant.
Nous en apercevons des milliers qui tournoient au dessus d'une eau turquoise. Ils décrivent sans cesse des cercles concentriques. Le spectacle est saisissant et ininterrompu.
Autour des fous, il y a également des cormorans, des goelands et des petits pingouins.

Les AVA sont aux anges, leur bestiaire s'agrandit d'heure en heure.

Le long de la route, nous apercevons des porcs épics tout patauds qui viennent chercher la seule nourriture disponible en ce moment : de l'herbe.
Et quand le porc épic a peur, il hérisse bien sûr ses pics mais il monte aussi aux arbres !

Lorsque le soleil se couche, les animaux se promènent dans le parc à la recherche de nourriture.
C'est alors que le festival commence : deux oursons paissent à l'orée des bois, un ours broute dans une prairie, un couple de castors font des va et vient entre leur hutte et les extrémités de leur immense mare, une marmotte nous montre son terrier et un orignal se plante au milieu de la route.
Côté mer, la fête continue avec un petit rorqual qui nage à 30 m de la côte et dont le bruit du souffle a attiré notre attention.

Il fait nuit quand nous nous décidons à quitter le parc avec des enfants émerveillés.
Il ne manque plus que la vision d'une grande baleine.

Il n'y a pas d' hébergement possible avant 30 kms et nous sommes contents de trouver le gîte du Loup Marin, à Cap aux Os.
Bienvenue chez André ex-niçois qui y a posé ses valises il y a 6 ans, après un grave accident de moto en France.
Il accueille déjà deux françaises et nous ouvre maison et table pour la nuit. Ce soir rôti d'élan et histoires d'ours dans les bois : ne jamais laisser de pâte dentifrice dans sa tente et accrocher sa nourriture avec une corde en haut d'une cime, et toujours loin du campement. 
Autant d'anecdotes dont raffolent les touristes et que Dédé distille avec talent.

vendredi 7 mai 2010

Le Québec sous la pluie, les S@lv@ dans le vague...

Lundi 3 mai


Nous avons passé la nuit aux Escoumins à l'accueillante auberge du Manoir Bellevue.
Nous y sommes les seuls clients, et nos chambres non communicantes ne sont guère un problème pour les enfants qui règnent sur l'établissement comme s'ils étaient chez eux.

Le petit déjeuner est l'occasion de déguster des succulents muffins à la cannelle.
Il pleut à verse et nous n'avons pu guère profiter de la petite plage qui s'étend devant la ville.
Départ en fin de matinée, toujours plus au Nord.

La route 138, appelée ici route des baleines, longe le fleuve avec un asphalte d'excellente qualité. C'est assez rare pour être souligné !!!
Le paysage fort bucolique doit certainement être magnifique sous le soleil, totalement noyé aujourd'hui sous ces hallebardes de pluie.


Hélas, hélas, toutes les journées d'un long voyage ne peuvent être passionnantes, nous voici en plein coeur d'une journée morose.
La pluie empêche toute promenade, il n'y a rien d'autre à faire que de tracer droit vers Baie Comeau d'où partira le ferry en fin de journée.


Baie Comeau est une grosse ville industrielle située à 670 kms au nord de Montreal.
Son intérêt principal est d'accueillir le traversier (ferry) qui nous permettra de franchir le Saint Laurent pour arriver sur sa rive Sud, en Gaspésie.


L'espacement entre les deux rives est à ce point de traversée de 65 kms, et la navigation dure 2h30.

C'est très long 2h30 quand on le coeur retourné (et que l'on a oublié le sirop anti nausée dans la voiture, interdite d'accès durant la traversée). Le mal de mer est connu, le mal de fleuve certainement moins. Maintenant nous savons.
Le St Laurent que nous avions vu jusqu'alors fort tranquille, l'est beaucoup moins dès lors que l'on approche de son embouchure et de son Golf. Le bateau tangue et nous avec.

A la nuit tombante, nous débarquons enfin à Matane, bien fatigués.
Installation rapide dans le premier motel venu, douche, dodo.

Dehors il pleut toujours et la température est bien fraîche. Demain sera un autre jour !

lundi 3 mai 2010

Est-ce assez de cétacés ???

Dimanche 2 mai

Nous testons le Brunch dominical au restaurant du motel avant de partir traquer le cétacé.
Le repas est plus que copieux et devrait nous tenir au corps pour les 15 jours à suivre : en demandant une simple crêpe, nous arrive une galette remplie de beurre de cacahuètes et abondamment nappée de sirop d'érable. Bon appétit !

L'estomac bien calé, départ pour 3 heures de navigation sur l'un des bateaux des 4 compagnies autorisées à montrer les baleines.
C'est la première sortie de la saison, et l'amoureux de la star locale a le choix entre le gros bateau, le zodiac (interdit aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 8 ans), ou encore le très éco-responsable kayak de mer.

En ce début mai, les touristes ne se bousculent pas. Nous sommes à peine 30 personnes à scruter les eaux calmes du Saint Laurent. En pleine activité baleinière en septembre-octobre, les bateaux sortent plusieurs fois par jour et remplissent sans souci leurs 400 places.
Le bateau est composé de 3 ponts dont l'un est couvert et chauffé et comporte bar et boutique souvenirs. Je me vois déjà acheter des belugas en peluche en guise de lots de consolation.

L'armateur promet une « garantie baleines », c'est à dire que si la pêche à la baleine échoue, un nouveau billet vous est offert.

Tadoussac, située à 800 kms de l'océan et à la connexion du fjord du Saguenay et du St Laurent, dispose des fonds et des courants appréciés par les krills. La baie est donc un garde manger apprécié par les baleines qui y font un stop prolongé entre mai et octobre avant de reprendre leur migration.

Ô miracle, dès notre sortie du port, nous croisons 4 belugas. Ces petites baleines blanches, d'une longueur approximative de 3 mètres et pesant pas moins de 1 tonne, sont les celles à avoir élu domicile à l'année dans le fleuve.
Particulièrement fragiles, ces sirènes des mers trouvent dans les eaux du St Laurent la tranquillité leur permettant de se reproduire.
Les jeunes naissent avec une couleur bleutée et blanchissent en grandissant. Les animaux se promènent par petits groupes de 2 ou 3 individus.
Ils sont facilement repérables par ce mouvement de groupe mais plongent rapidement, ne laissant apparaître que leur dos bien rond et bossu.

Observation, patience et pugnacité sont les meilleures qualités requises pour l'océanologue amateur.

Il faut scruter longuement la surface pour entrevoir subrepticement un dos, une nageoire ou un souffle. Ne pas confondre béluga et écume d'une vague, ou bois flotté avec un phoque.

A point nommé 3 phoques nous montrent leurs museaux et quelques secondes plus tard nous sommes survolés par une escadrille de bernaches qui rentrent dans le fjord (en direction de Saint Fulgence, en retard pour le festival qui leur est dédié !).

L'eau est à 4 degrés et l'air est bien frais, manteaux et pulls sont appréciés.
Il va falloir voir d'autres petites bêtes pour ramener un peu de chaleur.

Requête entendue avec la vision de plusieurs petits rorquals, qui prennent quelques courtes respirations avant d'immerger au moins 10 mns. Il faut être vigilant dès lors qu'un passager pointe son doigt dans une direction et espérer que cette agile baleine n'aura pas déjà plongé.
Le petit rorqual est de couleur noire avec une nageoire dorsale courte et en forme de faucille. Il mesure en moyenne 7 mètres et pèse la bagatelle de 6 tonnes.
Nous en verrons individuellement à plusieurs reprises, et en nombre suffisant pour que les enfants puissent les apercevoir.

L'honneur est sauf, ils ont leur compte de cétacés promis de longue date par leur Super Popa.

Pour clore la croisière, nous suivons de nouveau quelques belugas.
Appâtés par ces quelques petites baleines, Super Popa rêve maintenant de voir un rorqual commun espèce qui mesure le triple du petit rorqual et les enfants réclament des baleines à bosse.

Deuxième épisode en Gaspésie la semaine prochaine ???

dimanche 2 mai 2010

Toujours pleins d'allant pour chercher l'élan...


Samedi 1er mai

Point de pause pour la fête du travail, la traversée du Québec continue en longeant le fjord vers son bord extérieur, côté fleuve Saint Laurent.

Au matin, départ de Chicoutimi vers l'est pour le parc du Saguenay, toujours en quête d'animal à bois ou à poils.

Comme tous les parcs dans lesquels nous sommes passés, Saguenay est  pour le moment fermé aux automobiles et pratique l'auto-perception puisque ses points d'accueil sont clos. Il vaut mieux avoir l'appoint sur soi puisque personne ne vous rendra votre monnaie.

De plus, les panneaux indicateurs de randonnées possibles sont souvent inexistants, alors que les cahutes d'accueil sont gorgées de plans, mais comme il n'y a personne pour ouvrir les bureaux.....

Nous n'avons donc aucune idée des ballades qui sont accessibles facilement pour l'éléphante que je suis. Je ne suis pas en mesure d'allier à la fois le voyage en voiture et plus d'une heure de marche sans multiplier les contractions.

Nous nous limiterons  à suivre une rivière mais une fois encore point d'élan, sûrement parti vers le Nord chercher la fraîcheur. Même pas un saumon.
Amélie en conclut que nous sommes de mauvais trappeurs tandis que Valentine et Antoine s'inquiètent de notre futur taux de réussite avec les baleines.

La température ne doit pas être loin des 20° et malgré le soleil, l'ubac est encore partiellement couvert de neige.

En quittant le Parc du Saguenay, la route borde de nombreux lacs dont certains conservent une mince couche de glace. Nous arrivons en début d'après-midi à l'Anse Saint Jean, charmant village aux maisons très colorées, qui détrône largement Sainte Rose du Nord située sur l'autre rive du Fjord.

Dans cette bourgade l'hiver gèle totalement le fjord et les habitants ont pour coutume de pratiquer la pêche blanche (ou pêche sur glace) en amenant sur l'eau gelée des cabanons posés sur des patins.
A la fin de la saison hivernale, les cabanons aussi colorées que les maisons des riverains, sont déposés sur terre.

Le tout donne une touche très photogénique au village.
Les propriétaires d'hébergements touristiques ont bien compris le charme de leur site et pratiquent des prix qui dépassent notre budget. En outre, la majorité des gîtes sont encore fermés.


En conséquence, nous continuons notre chemin vers Tadoussac, connue pour ses croisières d'observation des cétacés.
Pour atteindre la ville des baleines, prendre un traversier (ferry) qui a la particularité de fonctionner en continu  et gracieusement. Beaucoup plus organisé qu'au Vietnam où régnait un joyeux bazar, embarquement, traversée et débarquement durent moins de 20 mns.
Ici, comme à l'Anse St Jean, la saison n'a pas encore commencé et il nous faut de la persévérance pour trouver une chambre quelconque pour la nuit.

Depuis un mois, nous guettons les baleines sur internet, puisque ces stars ont même des sites web sur lesquels les observateurs dûment titrés indiquent les points GPS où ces dames ont été repérées.
Nous espérons enfin voir dans les prochains jours une grosse bestiole typique de la région, en dehors des écureuils !

A défaut de baleine, mes enfants pourront toujours voir leur éléphant de mère....

samedi 1 mai 2010

Les S@lv@ et les animaux

Jeudi 29 avril

Nous sommes à mi parcours de nos vacances : nous avons la voiture depuis 6 jours et avons déjà roulé 2000 kms.

Il est temps de ralentir un peu le rythme d'autant que nous avons 3 nuits d'avance en raccourcissant nos arrêts à Toronto et à Ottawa, et en réaménageant nos étapes entre Trois Rivières et le lac Saint Jean.
Nous pouvons donc nous octroyer une énorme grasse matinée et une journée très légère en visites.

Nous nous limiterons à un petit tour à Saint Prime qui propose une grande plage sur les bords du lac. Ce qu'a omis d'écrire l'auteur de notre guide de voyages, c'est qu'aujourd'hui y règne un vent à décorner les zébus. A 50 km/heure, la jolie rive ressemble davantage à une plage du Nord de la France en plein hiver. Nous avançons tels des manchots, regroupés pour résister au vent.

Retour rapide à la voiture pour atteindre Saint Félicien et la boutique de la Maison du Bleuet.
Ce cousin de la myrtille en a la texture mais pas l'amertume. Il est donc le fruit parfait pour garnir tartes, muffins, aromatiser le thé, composer des confitures, sirops, liqueurs etc......autant de gourmandises qu'il est possible de ramener chez soi comme tous les dérivés du sirop d'érable.

Saint Félicien est également renommé pour son Zoo sauvage et son Musée du Cheddar.
Le goût de la poutine de la veille n'ayant pas laissé de souvenir immémorable dans nos palais, aucun d'entre nous n'a souhaité se faire expliquer la fabrication du fromage star de l'Amérique du Nord.

Le zoo attire davantage nos 3 jeunes explorateurs.
Les animaux y résident en semi liberté dans des grands espaces et les visiteurs surplombent leurs habitats par des passerelles en bois, parfois agrémentées de jeux pour les enfants. Parfaits pour émerveiller leurs yeux et les épuiser à monter/descendre muret d'escalade, barre de pompier, toboggans et escaliers.

Ils y admirent longuement un ours polaire nager, l'intérieur d'une hutte de castor, des tigres, de véritables grizzlys et autres cougars... et en concluent « C'est encore mieux qu'à Central Park! ».

La journée s'achève avec la dégustation d'une crème glacée au sirop d'érable, le Québec gourmand s'ouvre à nous.


Vendredi 30 avril.
Nous quittons la demeure pimpante de l'hospitalière Magali à Roberval pour aller sur la rive Nord du lac St Jean au Parc de la Pointe Taillon.
L'accueil est fermé jusqu'à début juin mais le parc est ouvert aux randonneurs. Il appartient aux visiteurs de laisser leur droit d'entrée dans une enveloppe à l'entrée du parc. Inimaginable en France !

La pointe Taillon est une langue de sable qui borde le lac Saint Jean. C'est le territoire des castors et des orignaux. Il va sans dire que durant notre ballade nous n'en verrons aucun !
Par contre, nous nous sommes consolés avec des traces qu'ont laissé les castors sur les troncs taillés comme des crayons et avons pris des coups de soleil sur les plages de la pointe.

Un autre Québec que celui de la tempête des corneilles !!!

Du magnifique lac Saint Jean au Fjord du Saguenay il n'y a que quelques kilomètres.
Premier arrêt à Saint Fulgence qui a aménagé son marais côtier pour permettre l'observation des bernaches venues se poser pendant leur migration. Nous sommes en plein dans le week end du festival des bernaches sensées être présentes par milliers.

Toujours aussi chanceux avec les animaux, les milliers d'oies sont devenues une quinzaines de volatiles, canards et oies confondus.
Tout cela serait bien meilleur en confit et foie gras.

Second arrêt à l'Anse Sainte Rose située plus à l'est et qui souvent décrite comme l'un des plus beaux villages du Québec et similaire à un village scandinave.
Super Popa connaît bien la Scandinavie et moi je connais d'autres villages québecois. Nous concluons tous deux « Sur-vendu ! », détour de 50 kms totalement inutile sauf pour le quai qui accueille le goûter des enfants.

Retour au centre du fjord pour la nuit dans la ville de Chicoutimi.
Située à flanc de colline, elle est tournée physiquement et économiquement vers le fjord. C'est aussi le premier point de traversée possible pour aller sur la rive sud du Fjord, constituant notre programme du lendemain.

Nous passons la nuit dans un gite situé sur la promenade de Chicoutimi, choisi pour sa superficie et un rapport qualité prix correct (130 $ petits déjeuner compris).
Cette nuit constitue notre 3e expérience en café couette local et l'accueil des propriétaires ainsi que le confort des logements mis à notre disposition ne dépareillent pas.
Outre tout l'équipement nécessaire à une cuisine et une buanderie, lesgîtes proposent souvent un accès internet gracieux.

Il faut savoir que les Canadiens sont beaucoup plus attentifs que les Français sur la sécurité de leurs accès sans fil et que la quasi totalité des réseaux domestiques sont fermés, contrairement à Paris où il est possible de se greffer au réseau d'un voisin.

Depuis le début de notre voyage, les hôtels font payer ces accès à un tarif exorbitant et hors les places publiques et les cafés, pas de point d'accès gratuit.

Cela explique pourquoi ce carnet de voyages est mis à jour par vagues et pour le moment sans photos...C'est le même principe que les animaux : patience et persévérance !!!