Vous arrive-t-il de vous tromper ?
Car ma vie est truffée d'erreurs.
Des mauvaises et des très bonnes. De celles qui vous font regretter de ne pas en faire davantage.
Une orientation scolaire à marche forcée pour obtenir un sacro-saint bac C m'a conduite vers Madame Françoise P.
En traînant mes guêtres contre mon gré en 1ere S puis en m'échouant en Terminale D, j'ai subi durant de longues heures ses cours de biologie pour élèves passionnés par la reproduction cellulaire.
Nommée Déléguée de classe pour ma capacité à convaincre, j'étais surtout représentante de ma nullité en sciences qu'elles soient naturelles ou mathématiques.
Si ma venue dans cette section s'est révélée être une catastrophe pour mon baccalauréat, elle a néanmoins permis de tisser une réelle amitié avec une enseignante pas comme les autres.
Françoise P., passionnée par son pays d'adoption, ferait partager son amour de
Madagascar et de son biotope unique à une poule sauvage.
Elle y réside depuis près de 40 ans et vous fait découvrir avec ferveur les coins et recoins de ce pays grand comme la France et le Bénélux réunis.
Pour nombre de mes congénères de lycée, elle est une figure marquante de notre adolescence pour nous avoir emmené dans de mémorables "classes vertes".
Durant nos années réunionnaises, j'ai eu l'occasion de revoir épisodiquement Françoise P. qui a quitté son statut de Mme P., pour celle que j'appelle désormais plus familièrement Framboise.
Les S@lv@ sont ensuite revenus à Paris et mon histoire avec Françoise P. aurait pu s'arrêter là.
Quelques mails, la bonne année, et la bise aux enfants.
Comme Internet est une bulle pleine de surprises mais surtout une sacrée toile d'araignée, j'y retrouve sur un réseau social bien connu une personne nommée Françoise P.
Ma Framboise. Mais sans photo rattachée au profil.
Je prends derechef contact avec Françoise P. sur le ton familier qui nous sied depuis 20 ans.
Elle me répond poliment que je dois faire erreur, nous échangeons deux ou trois brefs messages.
Bien qu'il s'agisse d'un quiproquo d'homonymie, nous décidons de rester en contact.
Via ce réseau social interactif, et au fil des mois, nous nous découvrons.
Françoise P., deuxième du nom, vit à Paris. N'est pas professeur de biologie et n'a jamais mis les pieds à Madagascar.
Elle a par contre grandi dans la même banlieue verdoyante que moi, aime la photographie, les huîtres et le Cap Ferret.
Ces amusantes coïncidences nous ont poussé à nous rencontrer.
Un déjeuner de copines pas tout à fait ordinaire.
Pour Françoise c'est une grande première : faire la connaissance d'une inconnue croisée sur internet.
Pour moi c'est une récidive. Pour avoir lié plusieurs amitiés ainsi, je sais que l'écrit réfléchit souvent la personnalité de son auteur.
De son physique je n'ai vu qu'une photo de son visage. Elle me reconnaîtra plus facilement alors que je vais devoir la deviner.
Une femme s'avance énergiquement vers moi, confuse d'être à peine en retard.
Je découvre une Françoise élancée et nerveuse.
Je ne peux m'empêcher de penser à son homonyme. Même stature, même sagacité.
Durant deux heures, nous allons nous découvrir davantage de points communs.
Etudes d'économie, plaisir de l'écriture et des bavardages.
Musées, culture.
Curiosité sur le monde et le genre humain.
Elle exerce ce que j'ai longtemps cru être le plus beau métier du monde : journaliste.
J'ignore ce que me réservent mes Françoise(s) P. mais ces erreurs rentreront dans la colonne "bénéfiques".